Au sujet de Prisme
PRISME est un générateur de phrases à partir de lexiques et des structures selon les lois du hasard.
PRISME est un progiciel permettant de façonner des phrases à partir d’une banque de lexiques généraux ou spécialisés et d’une banque de structures grammaticales, selon les lois du hasard. Instrument de recherche par conjonction d’idées, il permet d’explorer des champs que l’imaginaire n’accède généralement pas ou peu, défiant les conditionnements et les habitudes culturelles.
Lorsque vers 1984 nous avons, François Raymond et moi, commencé par plaisir à bricoler notre premier générateur aléatoire de phrases, nous étions alors loin de nous douter qu’il évoluerait jusqu’à devenir un logiciel d’une telle complexité et encore plus loin d’imaginer qu’il ferait un jour l’objet d’une mise en marché.
Ce jeu auquel nous prenions grand plaisir, meublait en partie nos folles soirées de discussions dont les sujets allaient de la théorie du désordre de la physique aux productions esthétiques du vingtième siècle (sans parler de cette propension aux jeux de mots et calembours dont nous étions friands…).
L’idée qui nous passionnait alors, était celle de l’intervention du hasard dans l’occurrence des événements.
Puisque nous disposions de l’ordinateur, pourquoi, nous disions-nous, ne pas nous en servir pour expérimenter les possibilités aléatoires.
Des logiciels utilisant le hasard dans les productions musicales et visuelles étaient déjà monnaie courante, aussi en connaissions nous plus ou moins les possibilités. Nous ne connaissions cependant pas d’équivalent appliqué à la langue.
Aidés par les récentes mises au point et découvertes relatives au domaine de l’intelligence artificielle ainsi que par l’adaptation aux ordinateurs personnels de type PC d’un langage de quatrième génération tel que PROLOG, nous avons donc risqué une tentative de ce côté.
Affrontant avec témérité les labyrinthes de la syntaxe française, déjouant ses pièges les plus imprévus, nous vîmes progressivement PRISME prendre forme.
La première version de PRISME portait alors le nom de PERMUTE, et pouvait générer des productions écrites à l’aide d’un vocabulaire d’environ 1300 mots, limite à laquelle nous astreignait un ordinateur de type PC. Tout à ce moment se passait dans la mémoire vive de l’ordinateur.
Cette version ne permettait cependant pas la concordance des temps et l’utilisation du pluriel n’était guère possible. Le vocabulaire ne comprenait que les articles définis et indéfinis, les substantifs propres et communs des deux genres mais au singulier, les adjectifs qualificatifs et les verbes transitifs directs à la troisième personne du singulier.
Mais déjà, la principale fonction du logiciel, c’est-à-dire la capacité de créer des phrases à partir d’une banque de mots, existait et était effective.
Avec le temps, nous avons senti le besoin de donner au logiciel plus de subtilité et c’est ainsi que nous en sommes venus à ajouter à ses possibilités la concordance des temps, l’accord du nombre, la presque totalité des mots grammaticaux et un contrôle plus souple des niveaux de hasard. PRISME sous sa forme actuelle était né.
PRISME demande à l’utilisateur une connaissance de base de la langue française, ne serait-ce que pour construire une structure de phrase convenable, mais, nous avons pu nous en rendre compte par l’utilisation, peut également aider à l’apprentissage du français par la familiarisation avec sa structure. Pour que le logiciel soit capable d’inventer une phrase, il faut d’abord lui donner une structure de phrase sur laquelle il puisse greffer des mots. Aussi faut-il que la structure soit convenable. Ceci demande une certaine réflexion et force à la connaissance des composantes de la langue.
C’est ainsi qu’il devient un outil pédagogique tout en restant une sorte de jeu.
Mais là où PRISME devient vraiment intéressant, c’est dans la mesure où, par ses productions et ses conjonctions d’idées inattendues, il force l’esprit à explorer de nouvelles possibilités de l’imaginaire.
Il l’entraîne alors dans des mondes auxquels la raison n’a accès qu’au hasard des événements et encore dans la mesure où des remparts, construits par la culture et le conditionnement, ne viennent pas limiter ses possibilités d’invention.