Un long souffle vert à la cime des arbres

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Un long souffle vert à la cime des arbres
Un souffle défaillant sur les feuilles tressaillantes,
murmure discret, porté jusqu’à l’oreille des hommes
qui raconte la douleur sourde de la terre,
la souffrance dissimulée des arbres résignés

et le chant dévasté des oiseaux terrifiés
par le passage implacable des monstres d’acier !

C’étaient des grandes terres voluptueuses
Où foisonnait, sereine, la vie multiforme
De grands champs dorés ondulant et dansant
sous l’haleine fragrante du ciel exalté !

Qu’est-il arrivé lors du sommeil des hommes ?
Qu’a-t-il surgi des rêves humains ?

Car voilà que les grands arbres, jadis fiers et altiers,
puissances majestueuses pointant vers le ciel
sont arrachés, désarmés, à leurs vastes domaines
par le labeur incessant de l’industrie des puissants
par la morsure violente des spoliateurs acharnés !

 

Et voilà que brûle la verte chevelure de la terre
Voilà ques les vents portent les odeurs fétides
des fientes des machines …

Toutes ces forêts fragiles,
vierges violées,
insultées et brisées.
Toutes ces bêtes blessées,
souillées, arrachées à la vie,
et tristement abandonnées
à la mémoire de la terre…
à l’oubli des hommes …

J’aurais voulu t’apporter ces fleurs,
qu’on trouve sur les lointaines falaises
j’aurais voulu trouver ces fleurs …

Mais où sont donc ces lointaines falaises ?

Là où porte mon regard désolé
ll ne reste que steppes dévastées
déserts en puissance et oasis taris
et, la frayeur de l’homme simple
s’est muée en terreur des temps derniers !

Terre ! Mère !

Humanité sourde !
Humanité aveuglée !

Une vibration subtile en plainte muette,
audible à l’oreille des oiseaux attristés,
monte irrépressible de l’âme des poètes.