Le fardeau
Je croyais que c’était mon âme
qu’elle était en moi, qu’elle m’appartenait
qu’elle était ce joyau secret qui brillait
dans le noir de mes nuits tourmentées
qu’elle était ce trésor intime qui portait mes joies
qui provoquait mes ravissements et mes extases
mon bonheur et mon malheur
Mais, maintenant que mes yeux se sont ouverts
je vois qu’à part elle, il n’y a rien
et que c’est moi qui lui appartient
et que je suis sa limite, sa frontière
que je suis la gangue qui la retient
sa prison de matière
mais aussi son support, son point d’ancrage
le navire qui la transporte
et qu’arrivée au port, après l’orage
mutante des hautes sphères
elle se défera de moi, abandonnera sa coque
laissera glisser sa peau,
et verra qu’à travers les époques
elle n’aura jamais été prisonnière